On n’est pas beaucoup plus intelligent que l’homme de Cro-Magnon !

cromagnon

On n’est pas beaucoup plus intelligent que l’homme de Cro-Magnon ! Alors, comment fait-on pour voyager dans l’espace, construire des ponts, des tours, des avions,… ?

La réponse se trouve dans l’excellent billet de mon ami Gilles Martin sur son blog. Gilles est le président de PMP, une société de conseil ouverte à l’intelligence collective.

Je vous invite à lire son billet :

http://gillesmartin.blogs.com/zone_franche/2010/10/cest-pas-la-taille-qui-compte.html

et voici des extraits importants de ce billet :

“Ce qui fait fonctionner la société humaine n’est pas la taille du cerveau des individus mais celle de notre cerveau collectif. Presque toutes les technologies dont nous nous servons, du crayon à la ville, échappent à la compétence d’un individu. (…). Tout ce que nous utilisons aujourd’hui combine des idées différentes, est produit par de nombreuses personnes et échappe au savoir de l’individu.

Quand nous avons commencé à échanger et à nous spécialiser, il y a environ 100 000 ans, nous avons sans le savoir commencé à créer un cerveau collectif, dans lequel nous ne sommes que les noeuds d’un réseau. Les réalisations de ce cerveau collectif sont plus brillantes que tout ce que nous pouvons comprendre. C’est pourquoi la planification centralisée ne peut pas marcher. Nous ne pouvons pas utiliser nos cerveaux individuels pour expliquer au cerveau collectif ce qu’il doit faire.

C’est là que se loge le secret de l’explosion de la prospérité et du progrès humains que l’on observe depuis 100 000 ans et encore aujourd’hui.”

[…]

“Nous sommes collectivement plus intelligents, parce que nous combinons, accumulons et échangeons nos idées plus largement dans nos technologies”.

Merci Gilles pour cette contribution au progrès de l’humanité… pourvu que l’homme de Cro-Magnon ne lisent pas ce billet, ça pourrait le mettre en colère !

😉

L’intelligence collective, moteur de l’Enterprise Architecture ?

Pierre Moyen m’a contacté il y a deux ans pour me parler du concept de “l’Enterprise Architecture” (EA pour les intimes). Il était convaincu que l’intelligence collective (IC) était un des moteurs essentiels de l’EA et il m’a proposé une collaboration pour tisser des liens conceptuels et pratiques entre EA et IC. Ce billet est le fruit de nos échanges. Vous y trouverez une présentation de l’EA et des liens entre EA et IC.

Pierre Moyen est un expert des systèmes d’information : “Architecte d’entreprise” et intégrateur de solutions métiers. Il intervient dans des missions de conseil et de conduite de projets d’entreprise. Précurseur depuis 20 ans sur les ERP, le Business Process Management et l’Enterprise Architecture. Certifié TOGAF 9.

Nous animons ensemble une formation pour SAP les 31 mars & 1er avril 2011 (attention le nombre de places est très limité). Vous trouvez les informations pour vous inscrire à la fin de ce billet.

Qu’est-ce que l’Entreprise Architecture (EA) ?

Pour présenter le concept, je vous propose une analogie avec la construction d’une maison. Pour faire des économies, une personne décide de faire construire sa maison mais sans faire appel à un architecte. Par prudence, il confie quand même son projet à une grande entreprise de construction qui est spécialiste des constructions standard. Mais, le chantier prend beaucoup de retard et la facture augmente du fait de divers problèmes.

Tout comme vous pour votre maison, une entreprise a besoin d’un architecte ! La mission d’un architecte d’entreprise est de formaliser les représentations de l’entreprise, nécessaires à sa compréhension et à son optimisation. Tout le monde considère, avec raison, que l’entreprise est un objet complexe, sans doute plus complexe qu’une habitation. Elle est traversée de nombreux réseaux, se compose de plusieurs systèmes plus ou moins imbriqués. Elle est le lieu où s’intègrent et s’affrontent  plusieurs rationalités. Comment la gouverner sans la comprendre dans ses détails et dans toutes ses dimensions ? Comment la comprendre sans la représenter ?

L’architecture d’entreprise, en tant que discipline, vise justement à établir ces représentations et, puisqu’il en faut plusieurs, elle cherche à les relier en un tout cohérent. Pourquoi plusieurs représentations ? Revenons à la métaphore de la maison. Les gens de métier ont besoin de plusieurs plans, un schéma pour l’électricité, un autre pour la plomberie, etc.  : A chaque métier, sa représentation !

Il en va de même pour l’entreprise. Chaque fois que l’on veut tout mettre sur un même dessin, il devient vite illisible. Il nous faut séparer la représentation des activités (sous la forme de processus, par exemple), celle de la connaissance des fondamentaux, celle des solutions informatiques et aussi celle de l’infrastructure, pour n’en citer que quelques-unes. Ces représentations nécessitent des expertises différentes, s’adressent à des profils différents et vivent à des rythmes également différents. Distinctes, ces représentations sont aussi reliées, ce qui complique un peu le travail. L’enjeu est la mise en synergie des expertises.

L’architecture d’entreprise peut donc se définir comme l’art des représentations de l’entreprise. Elle se range parmi les activités d’étude, au même titre que la conception stratégique, l’organisation (conception organisationnelle) ou l’audit. Ces activités partagent un précepte de bon sens : mieux vaut réfléchir avant d’agir.

Le bon sens, dit-on, est la chose au monde la mieux partagée. Est-ce si sûr ? Nous sommes tellement engloutis dans le flot quotidien des sollicitations que nous agissons plus par réflexe, dans l’urgence, sans penser ou en pensant le moins possible. Le superficiel l’emporte souvent sur l’essentiel.

Dans notre contexte de crise, est-ce que l’architecture d’entreprise est un luxe ? C’est exactement le contraire. C’est par souci d’économie et d’efficacité que nous devons penser la totalité de l’entreprise et de ses systèmes. Oserions-nous construire une maison comme un simple agrégat de pièces ? C’est pourtant ce que nous faisons de l’entreprise, quand nous accumulons les projets, menés en parallèle ou les uns après les autres, sans jamais élaborer la vision d’ensemble.

Pourquoi l’Architecture d’Entreprise ?

L’entreprise est par essence un système complexe qui se caractérise par une grande fréquence de changements. C’est une réalité complexe qu’il est nécessaire de formaliser et modéliser  pour  la rendre intelligible, expliquer une situation existante et un projet futur.

Depuis des années, l’architecture d’entreprise s’est imposée comme un moyen incontournable au service de l’amélioration des performances. Elle a pour but d’intégrer dans un même modèle les différents points de vue qui contribuent aux objectifs de l’entreprise : la stratégie, les processus métiers, l’organisation, le système d’information et les opérations.

Tout comme l’architecte d’une maison doit savoir coordonner les différents corps de métiers et leurs différents points de vue (peintres, maçons, menuisiers, plombiers, plâtriers, électriciens – chacun possédant son propre vocabulaire), l’architecte d’entreprise doit savoir synchroniser les corps de métier sur une vision commune : le plan d’architecture global.

Voici un exemple :

(Cliquez sur l’image pour agrandir)

EA cartographie

En résumé, l’enterprise architecture c’est…

  1. Une démarche pour toutes les entreprises, mais plus l’entreprise est grande plus c’est critique,
  2. Une démarche pour modifier génétiquement les organisations afin d’y intégrer l’ADN de l’agilité,
  3. Un outil d’assistance à la transformation organisationnelle permanente pour mettre en cohérence la stratégie avec l’organisation, le fonctionnement, les technologies et les ressources humaines,
  4. Une vision  à 360° de toutes les dimensions de l’entreprise,
  5. Une approche systémique de l’organisation qui prends en compte toutes les interactions verticales, transverses, internes et externes.
  6. Une démarche pour sécuriser et accélérer l’alignement entre stratégies et opérations, et donner du sens aux opérations.

En quoi l’intelligence collective est-elle un moteur de l’EA ?

L’intelligence collective n’a pas besoin de l’EA pour exister puisqu’elle est censée faire partie des compétences managériales de base pour sécuriser et accélérer les processus de prise de décision (ce n’est pas suffisamment le cas actuellement mais j’y travaille !).

Mais, l’EA a un besoin vital de l’intelligence collective. Pour passer de l’intention stratégique à un processus de transformation continue, il faut articuler deux dimensions :

1. La dimension ingénierie, en s’appuyant sur des modèles, référentiels, principes d’architectures et process destinés à engager les projets de transformation en cohérence avec les préoccupations économiques, réglementaires et sociales de l’entreprise

2. La dimension management, à travers des outils destinés à développer la responsabilité, l’adaptabilité d’une organisation et  garantir la mise en œuvre des décisions en réduisant la résistance au changement et en créant une émulation positive

Pour atteindre cet objectif, le schéma ci-dessous montre qu’il faut créer 2 processus : un processus “Entreprise Architecture” et un processus “Intelligence Collective”. Ces processus sont en fait les 2 courroies de transmission qui vont donner une agilité permanente à l’entreprise en lui donnant une capacité d’auto-transformation – c’est-à-dire une capacité mise en œuvre d’une manière autonome, continue et en temps réel.

(Cliquez sur l’image pour agrandir)

EA cartographie2

Or actuellement, les architectes d’entreprise travaillent sans les architectes collaboratifs, c’est-à-dire sans les experts qui maîtrisent les outils, méthodes et technologies capables de connecter les savoirs et les intelligences dans le cadre de toutes les interactions verticales, transverses, internes et externes.

Conclusion…

Savez-vous qu’il faut 4h entre le moment où on tourne la barre d’un super tanker et le moment où le bateau prend une nouvelle direction ? Si les entreprises étaient des super tanker, on pourrait dire qu’elles ont besoin d’environ 6 mois pour prendre le même virage si toutefois elles y arrivent. En effet, le syndrome de l’Exxon Valdez les hante (le naufrage) quand ce ne sont pas les marins qui se suicident ou se mutinent (grèves, arrêts maladie, climat social, fidélisation, image de marque,…).

L’EA et l’IC combinés permettent à une organisation de tourner à la même vitesse qu’un super tanker en maintenant le climat social et la qualité des relations humaines au meilleur niveau possible.

Pour l’instant, peu d’entreprises s’intéresse à l’intelligence collective alors que ça fonctionne parce qu’il est impossible de faire du ROI dans ce domaine. Les experts de l’EA sont pris au sérieux par le côté rationnel, mesurable de la démarche alors que leur démarche ne fonctionne pas bien. C’est ça le monde d’après ? Non, c’est le monde à l’envers !

Ma rencontre avec Pierre Moyen, co-auteur de ce billet, c’est la rencontre de l’IC et de l’EA, d’un architecte d’entreprise et d’un architecte collaboratif. Deux mondes totalement différents qui ont besoin d’être en synergie, en interdépendance.

Le débat est lancé, n’hésitez pas à réagir dans les commentaires pour confirmer ou infirmer. Et si vous voulez en savoir plus, vous pouvez vous inscrire à une formation organisée par SAP les 31 mars & 1er avril 2011.

Télécharger la présentation de cette formation en pdf…

1ère page du pdf

2ème page du pdf

Flyer SAP

La réflexion collective artisanale ne suffit plus dans l’entreprise

Je vous invite à lire mon interview sur le site Commentçamarche.net du 30 septembre 2010, “La réflexion collective artisanale ne suffit plus dans l’entreprise” :

Voir l’interview…

Dans le contexte de cet article, le mot “artisanal” signifie au bon vouloir (le côté indépendant de l’artisan), chacun de son côté, avec des savoir-faire non partagés, sans méthode ou outil mutualisé au sein d’un collectif. “Artisanal” n’a pas de connotation négative dans mon esprit (au contraire) mais il me semble que dans une grande organisation plongée dans la complexité, en quête d’agilité… ça ne suffit plus. Si vous avez des idées d’un terme plus adapté ou consensuel, je suis preneur !

Merci à Laurent Delvalle pour cette interview.