Conférence de James Surowiecki sur l’intelligence collective

Je vous signale une conférence à Montréal (Auditorium du Centre Mont-Royal) le mercredi 27 février 2008 sur le thème “Google et les modèles qui révolutionnent la gestion“. Bernard Girard sera présent (je ferais un billet sur son livre prochainement) mais également James Surowiecki qui intervient à 11h15 sur le sujet suivant :Comment mobiliser l’intelligence collective ?

James Surowiecki est journaliste économique au New Yorker et auteur du bestseller The Wisdom of Crowds; Why The Many Are Smarter Than The Few And How Collective Wisdom Shapes Business, Economies, Societies And Nations.

Il défend, par sa propre théorie, que c’est par la sagesse collective d’un grand nombre que l’on parvient le mieux à faire progresser les entreprises et l’économie, les collectivités et les nations.

Le succès des communautés du Web par exemple, repose sur le fait qu’elles attribuent la majeure partie de la valeur ajoutée aux utilisateurs/producteurs de contenus plutôt qu’à l’infrastructure technique. Elles s’organisent autour du partage et de l’échange d’informations dans le but de créer des liens sociaux.

Comment permettre aux individus d’inscrire leur action individuelle dans une dimension collective et sociale? James Surowiecki vous démontrera pourquoi et comment mobiliser l’intelligence collective au sein de votre organisation ou sur le Web.

James Surowiecki est reconnu pour ses contributions dans de nombreuses publications renommées comme The New York Times, The Wall Street Journal, Foreign Affairs, Artforum, Wired et Slate. Il rédige également la rubrique The Bottom Line dans le magazine New York et collabore régulièrement à Fortune.

Plus d’information sur cette conférence …

L’intelligence collective notre plus grande richesse

Entretien avec Pierre Lévy, professeur de communication, titulaire d’une chaire de recherche en intelligence collective à l’universite d’Ottawa (Canada)

L’intelligence collective notre plus grande richesse

Le Monde, édition du 24.06.07 (Propos recueillis par Michel Alberganti) – Lien vers l’article :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-927305@51-837044,0.html

Extraits :

Dès le début des années 1990, vous avez cru au potentiel d’Internet. Près de vingt ans plus tard, comment analysez-vous l’évolution du Réseau mondial ?

L’hypothèse que je faisais à l’époque, où très peu de monde utilisait Internet et où le Web venait à peine de naître, était que l’interconnexion des ordinateurs serait un vecteur de perfectionnement et d’augmentation de l’intelligence collective. Je dis augmentation plutôt que création parce que l’intelligence collective est pratiquée par les êtres humains depuis qu’ils disposent du langage et de la culture. Nous ne sommes intelligents que collectivement grâce aux différents savoirs transmis de génération en génération. Simplement, Internet est plus puissant que l’imprimerie, la radio ou la télévision, parce qu’il permet une communication transversale et une meilleure exploitation de la mémoire collective.

Cela explique-t-il la vogue actuelle de l’expression “intelligence collective” ?

En effet, cette notion est en train de faire son chemin. Nous en prenons conscience parce qu’elle se transforme à un rythme observable à l’intérieur d’une même génération. C’est pour cela que l’on en parle. Auparavant, les techniques d’intelligence collective restaient stables d’une génération à l’autre. Là, il y a un saut, une accélération. C’est comme un fond qui restait immobile et qui devient aujourd’hui une forme qui bouge.

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Savoir manager l’intelligence collective des équipes de travail

Olfa Zaïbet-Grèselle vient de publier un article dans le journal du Net – Management : “Savoir manager l’intelligence collective des équipes de travail”. Une grande partie de l’article traite du management d’équipe avec des liens sur l’intelligence collective. La conclusion a particulièrement retenue mon attention :
“Ainsi, comme on peut le voir, l’efficacité d’une équipe de travail se définit non seulement par rapport aux produits et aux résultats de l’équipe mais également par rapport à la satisfaction que l’équipe procure à ses membres.
Un constat qui nous amène à proposer la définition suivante de l’intelligence collective qui met en exergue ces six capacités : Ensemble des capacités de compréhension, de réflexion, de décision et d’action d’un collectif de travail issu de l’interaction entre ses membres et mis en œuvre pour faire face à une situation donnée, présente ou à venir, complexe.
Pour finir, nous aimerions mettre en avant deux conclusions. Tout d’abord, il ne suffit pas de créer une équipe de travail pour qu’une intelligence collective émerge. Et ensuite, une situation de travail nécessitant un travail collectif n’est pas suffisante pour qu’il y ait création d’une intelligence collective.”

Lire l’article en entier sur ce lien :
http://www.journaldunet.com/management/0704/tribune-admeo/1.shtml

Source : http://www.journaldunet.com/management/ – Newsletter 183 publiée le mardi 17 avril 2007

L’auteur : Olfa Zaïbet-Grèselle est doctorante en gestion et membre de l’Admeo, une association regroupant des docteurs et doctorants en droit, économie et gestion du GREDEG/CNRS et de l’université de Nice Sophia Antipolis. Créée en 2000, cette association anime le site de l’Ecole doctorale marchés et organisations.

Qui sera le centième singe de l’intelligence collective ?

Ken Keyes Jr est l’auteur d’un livre qui s’intitule : “The Hundredth Monkey” (Le centième singe). Il s’agit d’une histoire vraie sur des singes japonais observés à l’état sauvage sur une période de 30 ans. Une jeune femelle prend un jour l’initiative de laver ses patates dans l’eau avant de les manger. Elle fut ensuite imitée par d’autres singes et au centième singe….un miracle se produisit.
Le phénomène du centième singe peut se résumer ainsi : quand un certain nombre de personnes prennent conscience de quelque chose, tout le monde en prend conscience.

L’auteur a dédicacé son livre d’une manière originale : “Ce livre est dedicacé aux dinosaures, qui en silence nous ont montré que les espèces qui ne s’adaptent pas aux changements de leur environnement ….disparaîssent”. Etant donné que personne n’a envie de faire partie du Club des dinosaures, nous pourrions anticiper le problème en créant le Club des Singes de l’intelligence collective avec en activité principale : corvée de patates… !

Je vous recommande la lecture de l’article “Le centième singe ou comment va se jouer l’avenir de l’Humanité.” publié le 14 janvier 2005, par Aigle Royal

Voir aussi :
Le site du livre “The Hundredth Monkey”

Mise à jour le 26 mai 2010 avec cette vidéo :

La langue de l’intelligence collective

Le laboratoire de recherche en intelligence collective de l’université d’Ottawa dirigé par Pierre Lévy travaille à la création d’un metalangage qui permettrait aux ordinateurs de comprendre les données qu’ils stockent et font circuler. Il s’agit de l’IEML pour “Information Economy Meta Language”, voir http://www.ieml.org .
L’IEML s’adresse essentiellement à deux catégories de personnes : les architectes de l’information et les chercheurs en sciences humaines intéressés par les langages formels. La majorité des utilisateurs humains d’IEML n’auront pas besoin d’apprendre le métalangage.

Voici un article de presse (Libération) pour poser le cadre :
http://www.ieml.org/IMG/pdf/IEML-LIBE.pdf

Je retiens de cette interview : “L’internet est comme le cerveau de l’intelligence collective, avec une multitude de connexions entre les êtres.”

A voir également cette interview sur NextModernity dans laquelle Pierre Lévy nous livre sa vision du Web 2.0 :

Denis Failly – “Pierre Levy, compte tenu de vos recherches, pratiques, et nombreux écrits autour des usages des Tic et de leur implication en terme culturels, sociaux, cognitifs, d’intelligence collective, quel est votre regard sur le “paradigme” Web 2.0.”

Pierre Levy – “Je suppose que vous entendez par « web 2 » la liste suivante :

le développement de la blogosphère et des possibilités d’expression publique sur le web,
– l’usage croissant des wikis,
– le succès mérité de wikipedia,
– la multiplication des processus de partage d’information et de mémoire (delicious, flicker, etc.),
– la tendance générale à considérer le web comme une sorte de système d’exploitation pour des applications collaboratives et autres,
– la montée des logiciels sociaux et des services tendant à accroître le capital social de leurs usagers,
– la montée continue des systèmes d’exploitation et des logiciels à sources ouvertes,
– le développement du P2P sous toutes ses formes (techniques, sociales, conceptuelles)…

La liste n’est pas close.

Tout cela manifeste une exploration sociale des diverses formes d’intelligence collective rendues possibles par le web et représente donc une évolution très positive. Mais, en fin de compte, il s’agit d’une exploitation par et pour le plus grand nombre de potentialités qui étaient techniquement et philosophiquement déjà présentes dès l’apparition du web en 93-94. Je vois là une maturation culturelle et sociale du web (qui a été conçu dès l’origine par Tim Berners Lee pour favoriser les processus collaboratifs) plutôt qu’un saut épistémologique majeur.”

Source : http://nextmodernitylibrary.blogspirit.com/archive/2006/07/13/ieml.html

Y a-t-il un monopole implicite de l’intelligence ?

Voici ce que Norbert Bolz, philosophe allemand spécialiste des médias a écrit en août 2006 au sujet des nouveaux médias comme les blogs : « Les nouveaux médias offrent un nouveau terrain à l’exhibitionnisme facile… Les barrières de la pudeur tombent… Sur Internet, c’est l’opinion de toutes sortes de personnes qui prévaut, dont très peu sont des experts… Les gens deviennent de plus en plus des idiotae – comme disait au Moyen Age Nikolaus von Kues [1401-1464, cardinal allemand et grand esprit] –, ils se contentent de leur opinion et n’écoutent pas les lettrés. »

Les blogs ouvriraient donc la voie selon lui à l’ochlocratie, c’est-à-dire un gouvernement par la foule (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Ochlocratie ).

Je suis bien sûr consterné par ce texte qui laisse penser que les intellectuels se sentent menacés par les technologies de l’information en général, et les blogs en particulier. C’est leur monopole de l’intelligence qui disparaît progressivement.

A mon avis, Norbert Bolz souhaite maintenir l’état actuel du monde qui repose sur 2 principes :
– il faut des idiots pour que les intellectuels existent
– il faut beaucoup d’idiots, qui deviennent la masse, pour que les intellectuels deviennent l’élite. Etre un intellectuel permet ainsi de faire partie d’une élite qui monopolise le droit à l’intelligence.

A l’inverse, si on reconnaît le principe d’une diversité d’intelligences, si on pense que chacun apporte une valeur ajoutée à sa manière dans ce qu’il fait ou ce qu’il dit, si on admet que chacun à des forces et des faiblesses tant au niveau de ses connaissances que de ses intelligences, alors tout le monde devient plus ou moins intellectuel et l’élite n’est plus une élite ! La pyramide hiérarchique qui irrigue nos cultures s’effondre et laisse place à la transversalité (fonctionnement en mode projet, décloisonnement des modes de communication et de collaboration,…) et au management de l’intelligence collective, qui ne remet pas en cause la répartition du pouvoir mais son exercice. L’objectif du management de l’intelligence collective n’est pas de donner un pouvoir égal à tous, mais d’inciter ceux qui ont le pouvoir à mobiliser toutes les intelligences et les connaissances de chacun.

Dans la même logique, la revue “Sciences Humaines” a publié un dossier sur l’intelligence collective dans le numéro 169 de mars 2006. Ce dossier titre “Intelligence collective, mythe et réalité” et on s’attend donc à trouver des contenus équilibrés entre le mythe et la réalite. Mais, à l’exception de l’article de Dominique Cardon sur l’innovation collective, les articles proposés cherchent à démontrer que c’est un mythe. Pour 1 contenu favorable à l’intelligence collective, on trouve 10 réserves ou arguments défavorables. L’article “Prend-on de meilleures décisions à plusieurs ?” de Christian Morel montre que les décisions collectives peuvent conduire à des catastrophes en oubliant de dire que les décisions individuelles en créent probablement encore bien plus. A la fin de l’article, on ne sait plus très bien ce qu’il faut retenir, sauf peut-être qu’une erreur individuelle est moins grave qu’une erreur collective ! On nous parle bien de “réflexion à plusieurs”, mais pour mieux créer la confusion entre “prise de décision” et “réflexion menant à la décision” (la réflexion pouvant être collective et la décision solitaire).

L’intelligence collective semble donc être perçue par les experts, universitaires ou intellectuels comme une menace. L’intelligence, c’est quand même leur fond de commerce ! Mais, les attaques sont souvent implicites, sournoises, cherchant à semer le doute et la confusion, car si elles devaient devenir explicites, alors il faudrait répondre à cette question : si l’intelligence collective est un mythe, est-ce que cela signifie que la connerie collective est une réalité ?